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Chapeau bas

Pour ne pas oublier tout ce qu’on oublie toujours, toujours un peu trop vite

Un chapeau se pose en haut, tout en haut, au plus haut. En haut du crâne pour les humains, en haut du texte pour la presse, en haut du pied pour les bolets, les tricholomes, les amanites, lépiotes, lactaires, russules, agarics ou polypores. Les champignons ont des chapeaux qui les protègent de l’eau, qui protègent leurs chères spores, leurs lamelles délicates, fragiles, toutes en finesse, de ce qui tombe des arbres, de ce qui tombe du ciel, attiré par la terre. Les chapeaux de champignons ont des couleurs toutes douces, des tons pastel sereins, veloutés et graciles, ou du brillant glissant, plus lisse que la glace, du glaçage de fiesta, peinture métallisée digne d’une voiture volée. Les champignons mignons ont voué toute leur vie, ils ont une dévotion pour le petit détail, la frêle subtilité qui va en faire baver tout un tas de ronds de chapeau au moindre mycologue. Entre un bolet ceci ou un bolet cela, une amanite par ci, une amanite par là, les différences parfois sont d’une subtilité à nous faire venir en tête le travail sur le texte de ceux qui tentent d’écrire, de mettre en mots le monde au risque de finir avec les zigotos qui travaillent du chapeau. Du temps des mousquetaires c’était chapeau à plumes, alors on était trois dans le titre du roman et quatre dans l’histoire, sans compter, il est vrai, les capes et les épées. De ces incohérences sur les dénombrements, comme sur tout le tragique tout au long de l’histoire et puis les trahisons, les meurtres et les ruptures, faire porter le chapeau à celui qui écrit, lui faire porter le chapeau de tout le dur du monde, c’est faire le tour des choses sur les chapeaux de roues et manquer tout le beau caché dans le détail, le grand subtil du style quand le monde est ainsi que l’ont fait les humains, de guerres et de batailles, de réactions grossières quand il aurait fallu pour une fois réfléchir, inviter la nuance et prendre le temps des mots, surtout du choix des mots. C’est faire le tour des choses sur les chapeaux de roues et manquer tout ce qui mériterait chapeau bas