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Eau

Pour ne pas oublier tout ce qu’on oublie toujours, toujours un peu trop vite

Une goutte comme un o ce serait quand même trop simple, alors l’eau a trois lettres pour faire le seul son o. Pour qu’on reconnaisse enfin, sa si grande valeur, son importance première. Cette eau qui est en nous, qu’on aime autour de nous, condition nécessaire et souvent suffisante. On aime le bruit de l’eau, goutte à goutte sur la mousse là-haut dans la montagne, torrent qui batifole, sautille entre les pierres et se joue des branches d’arbre qui tombent dans son lit, les embarque, joueuse, dans une folle sarabande. On aime tremper ses pieds dans l’eau fraîche du ruisseau après une belle balade, juste y tremper la main comme on enfile un gant quand le froid nous saisi et saisit une à une chacune de nos phalanges, chaque jointure une à une pour les habiller de bulles comme d’autant de brillants. On aime aussi les vagues, s’y plonger en entier, y faire le papillon ou au moins essayer, bien loin des nages subtiles et tellement efficaces des animaux marins. On aime humer l’eau, la goûter, juste la boire quand elle n’a pas d’odeur, un subtil goût de frais loin du nauséabond ou même de l’eau de javel. L’eau, la plupart du temps laisse passer nos regards en les déviant à peine, mais parfois elle se fige en une surface rebelle qui va tout renvoyer, y compris la lumière et renvoyer l’image telle qu’elle l’aura reçue, à une symétrie près. Magie de sa surface qui accepte, dans un plouf, qui lui tombe dans les bras, sauf bien sûr ce qui flotte, le léger ou le creux, nos radeaux, nos bateaux. C’est bien ça son problème, elle est trop accueillante. Malgré tout ce qu’on lui jette que ce soit bon ou non pour sa santé à elle, elle nous prend sur son dos, il suffit simplement de quelques lettres en plus, pour qu’à partir de l’eau on construise un bateau. Pour déclarer nos flammes, à l’eau, même la plus simple, sans qu’elle soit de jouvence ou claire comme de l’eau de roche, il nous faudrait des meauts et pas seulement des mots, pour dire qu’encore pendant longtemps, disons une bonne poignée de longues éternités, on souhaite vivement qu’elle continue toujours à juste couler de source sous tous les ponts du monde

20231024

"De temps en temps", ça commence par la météo, et ça continue avec ce qui vient en tirant sur le fil

Agité. Les fortes pluies de la nuit en Nord-Isère gagnent nos plaines et Préalpes dès le début de journée, puis elles se décalent vers l’Est au fil de la matinée et faiblissent un peu en mi-journée en touchant la Haute-Tarentaise tandis que le soleil revient déjà proche de l’Ain. En après-midi la perturbation évacue nos hauts-massifs, et les éclaircies tendent à se généraliser avec tout au plus de petites averses résiduelles.
Limite pluie-neige vers 2700 puis 2300/2400 mètres voire 2000/2100 mètres sous les plus fortes intensités. On attend, d’Est en Ouest, 15 à 30 cm de neige au-dessus de 3000 mètres et 5 à 15 cm vers 2600 mètres.
Températures minimales comprises entre +9 et +12 degrés.
Températures maximales comprises entre +14 et +17 degrés.
Isotherme 0° vers 3000 puis 2600 mètres.
Vent encoure soutenu de Sud-Ouest en début de journée puis de plus en plus faible.
Prévisions Météo Alpes

Fortes pluies. Grosses gouttes joufflues, arrondies, rebondies, qui roulent, s’enroulent et se déroulent, se retrouvent en rigoles, en ruisselets, en ruisseaux comme on roulerait un r. Avantage net au rond, bien loin devant le long quand il s’agit de flot. Toujours le rond qui roule, qui s’échappe et s’enfuit, qui prend la clé des champs, qui se cache et se niche, qui se divise encore pour se multiplier, mais tout en restant rond, c’est bien là son secret. De grosses gouttes en petites gouttes, gouttelettes ou même vapeur, elles peuvent se réunir pour fusionner en eau, processus réversible quand vient l’heure des embruns et autres éclaboussures ou poussières de gouttelettes, pour les voir repartir et dévaler les pentes, sans répit vers de la mer, la mer qui est ronde, en écho à nos rondes et à nos jeux d’enfants qui nous roulent, nous enroulent dans le ressac des vagues de cette mer qui, toujours, sera notre maîtresse

Canal Saint-Martin

En passant, petites images glanées au gré d'ici ou là.
Écluse du canal Saint-Martin, Paris, juin 2023

Écluse, écluser, éclusons. Un bassin, deux portes, amont et aval. Faire entrer l’eau d’un côté, la laisser ressortir de l’autre, fermer ici et ouvrir là pour que les bateaux puissent monter ou descendre la rivière sans avoir à monter ou descendre le courant. Prendre de l’altitude ou au contraire en perdre, par la seule force de l’eau et de l’ingéniosité d’ingénieux du passé. Rivière domptée enfermée, corsetée. Elle coule dans un lit qu’elle ne s’est pas choisi, même si elle coule encore, elle coule canalisée. Couler domptée est-ce toujours couler ou juste s’écouler ? Spectatrice de son cours sans pouvoir être actrice. Restent quelques oiseaux à voler tout autour. On ne les entend pas au milieu des voitures mais on les voit voler, où on ne peut pas marcher, où on ne peut pas nager parce que c’est dessiné sur la berge en béton et barré d’un trait rouge. Interdit de ceci, interdit de cela, de ces écluses de ville ne garder que de l’eau, se concentrer sur l’eau et sur le bruit de l’eau, sur les reflets de l’eau, sur tout ce que l’eau nous dit, oublier sa couleur, oublier son odeur. Se laisser transporter, partir en goutte à goutte, repartir de la source, de sa transparence pure qui se faufile sous la mousse, espiègle et opiniâtre, de ses bonds de chamois sur des pierres de torrents, de ses siestes lascives au milieu des fines herbes et des sabots de vaches, voir comme apprentissage de ce qu’elle ne veut pas, ce passage par la ville, ses voitures, ses immeubles, ses gens indifférents qui la regardent en cage comme dans un zoo, ronger ses portes d’écluse et sa mélancolie. Heureusement à la fin dans la vie de toute goutte viendra la grande mer, ses vagues et ses grands fonds, et ses lieux de légende beaux d’être inaccessibles, le maelström de Poe , les roches Douvres de Hugo ou bien l’île au trésor de R. L. Stevenson. À force d’écluser les rêves des passants, les eaux un temps soumises du canal Saint-Martin feront sûrement un jour des graines d’océan

20230517

"De temps en temps", ça commence par la météo, et ça continue avec ce qui vient en tirant sur le fil

Changeant. Matinée sèche mais souvent nuageuse avec de brèves éclaircies. Sur les plaines de l’Ouest de la région les périodes ensoleillées sont plus franches. Sur les hauts-massifs les nuages de l’après-midi sont plus étendus et menaçants produisant de fréquentes averses, plus éparses en Préalpes, voire des précipitations plus durables et régulières en Haute-Maurienne.
Limite pluie-neige vers 2000/2200 mètres, avec généralement 2 à 5 cm de neige plus haut en Mont-Blanc et massifs savoyards voire 10-15 cm en Haute-Maurienne.
Températures minimales comprises entre +7 et +10 degrés.
Températures maximales comprises entre +17 et +19 degrés.
Isotherme 0° vers 1900 puis 2300 mètres.
Vent faible à modéré de Nord-Est.
Prévisions Météo Alpes

Averses, nuages, périodes ensoleillées. Des éclaircies donc, et des temps moins clinquants quand la lumière diffuse, espiègle et joueuse, cachant sa source vive sous les nuages complices. Dans ces moments couverts, il fera encore jour mais il n’y aura plus d’ombre, juste des masses plus sombres dans l’épais des nuages. Parfois dans leur descente ils viendront jusqu’à nous, entre brume et brouillard, juste un peu de buée cherchant à se poser, à déposer son voile. Elle nous rappelera l’eau qui vit dans les airs, qui fait l’humidité, le poisseux, la rosée, le moite et le mouillé. Posée sur les lentilles de l’appareil photo ou bien sur les reliefs juste devant nos yeux, elle fera le monde flou, elle fera naître des doutes sur la nature autour qui peut-être un moment est allée voir ailleurs que sous nos yeux blasés de la vue quotidienne. Et puis tout doucement, les gouttes se regroupent, elles passent de gouttelettes à gouttes toujours plus pleines pour finir en filets et puis se faufiler jusque dans les ruisseaux ou profiter du chaud pour se refaire vapeur et rejoindre les hauts. Parfois sur ces chemins se trouve un végétal ou bien un animal pour profiter de l’aubaine et se désaltérer, boire ou bien se laver de la poussière des jours qui vient avec le temps altérer les couleurs, les voiler, les couvrir et les dissimuler comme le fait le brouillard pour les montagnes au loin

20230416

"De temps en temps", ça commence par la météo, et ça continue avec ce qui vient en tirant sur le fil

Très mitigé. Le matin : alternance de bancs nuageux autour des pentes et d’éclaircies. Eclaircies qui s’élargissent en plaines/basses vallées l’après-midi tandis que les cumulus sont très nombreux en montagne, apportant de fréquentes zones d’ombre et donnant de brèves averses en fin de journée (flocons vers 1400/1600 mètres).
Températures minimales comprises entre +3 et +7 degrés.
Températures maximales comprises entre +13 et +15 degrés.
Isotherme 0° vers 1400 puis 1900 mètres.
Vent faible à modéré de Nord-Est.
Prévisions Météo Alpes

Les cumulus apportent des zones d’ombre fréquentes, mais aussi des averses, brèves mais des averses. De l’eau. Non pas une tempête, mais de l’humidité, tranquille et appliquée, sans précipitation. Enfin si, des précipitations, mais au sens météo, pas au sens affolement, tumulte et bouillonnement. Parce que même si parfois on emploie les mêmes mots, le contexte et lui seul dira l’intensité, la vraie couleur du terme. Averses donc. Les brins d’herbe encore jeunes garderont en réserve les plus belles gouttelettes d’eau à déguster plus tard. À déguster peut-être. Car rien de plus instable que ces gouttes posées là, sur de fines brindilles d’herbes que leur poids fait ployer, qui se courbent et se plient jusqu’à devenir pentes, descentes vertigineuses où les gouttes rouleront, où elles se rejoindront pour peser d’autant plus et peut-être même finir par tomber jusqu’au sol. À chaque gouttelette on s’imagine un monde de lumières réfléchies, de couleurs maquillées, de lignes déformées et tordues à souhait pour le plaisir des yeux. Gouttelettes en équilibre sur des passerelles instables, véhicules liquides prêts à se faufiler dans les embouteillages en survolant la ville, les sombres galeries des petites bêtes du sol. Un fragile équilibre, petit monde éphémère, début d’une grande rivière ou retour à l’oubli par évaporation, comme tous ces bouts de textes, ces mille morceaux de phrases notés dans un coin sombre de nos têtes indociles, bien trop près de l’oubli ou sur un bout de papier, dans un fichier sans nom, qui feront aussi bien le début d’une histoire que juste une phrase de plus avalée par le temps

20230220

"De temps en temps", ça commence par la météo, et ça continue avec ce qui vient en tirant sur le fil

Printanier. Quelques grisailles matinales traînent côté Isère. Sinon … c’est un grand soleil qui est attendu sous une douceur digne du mois d’avril en après-midi.
Températures minimales comprises entre 0 et +4 degrés.
Températures maximales comprises entre +15 et +19 degrés.
Isotherme 0° vers 3600 mètres.
Vent faible de Nord-Est.
Prévisions Météo Alpes

Printanier. Avril en février. Beau temps, d’une beauté inquiétante qui nous attire, nous pousse aux promenades en pull quand il faudrait portant, en cette saison d’hiver, la grosse veste et les bottes. Beau, c’est pareil que pas d’eau dans nos vieilles habitudes. Cette eau qui nous lie tous, nous à tous les vivants. Depuis la plus infime des vilaines mauvaises herbes jusqu’à la plus énorme des gigantesques bestioles, prédateurs carnivores ou placides herbivores en passant par l’humain, l’eau, c’est pour tous la base. Et avec tout ce beau c’est la base qui nous manque. Le vert se recroqueville, se flétrit sans fleurir, ce vert qui nous nourrit et le ventre et les yeux. Alors l’humain en nous, versatile à souhait changera d’opinion et collera sur beau l’étiquette du mauvais pour nous parler du temps. Les mots, ma foi les mots, quand l’usage s’en charge, changent facilement de sens, tout chargés d’implicite et repeints de non-dit. Bientôt on trouvera beau le doux chant des gouttelettes qui daigneront venir faire des rondes dans les flaques, le murmure des ruisseaux sera aussi prisé que le chant des baleines et dans les verres à pied on ne mettra plus le vin mais l’eau du robinet, quand il consentira à donner quelques gouttes. Alors on reprendra aux rêveurs les nuages, pour en faire des idoles