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Coquille

Pour ne pas oublier tout ce qu’on oublie toujours, toujours un peu trop vite

L’escargot, en photo, il n’est pas souvent beau : la photo a besoin de clarté, de lumière et l’escargot l’évite autant que la chaleur. Il leur préfère le frais et l’humide des jours gris, des longues journées de pluie, la rosée vivifiante du matin comme du soir. Pour passer les temps chauds ou quand le danger guette, il rentre ses antennes comme on fermerait les yeux et puis il se faufile jusque dans sa coquille. Une coquille en spirale, quasiment en hélice, un rêve d’aviateur que cette maison volante. D’autres bêtes à coquilles s’en servent autrement, la refermer très vite à la moindre inquiétude, la refermer très vite pour changer de territoire, en changer comme de chemise pour ne pas s’embêter à produire du calcaire, laisser faire ceux qui savent. La coquille peut sembler un refuge idéal, mais les moules et les huîtres pourront vous expliquer que ce n’est pas valable hors d’un monde idéal. Pour d’autres la coquille n’est qu’un moment de la vie, la coquille on en sort et on devient poussin, poisson, ornithorynque, animal en devenir, déjà plus si chétif. La coquille chez d’autres protègera la graine, fera office de rempart contre les dangers qui guettent les végétaux fragiles, lui laissera le temps de penser son avenir, noyer majestueux dans une vallée tranquille, qui donnera assez de fruits pendant un temps si long qu’il ne s’offusquera pas qu’un enfant visionnaire fasse d’une coquille de noix un vaisseau de haut bord. Pour les vaisseaux plus frêles, on parlera de canot, de barque ou de chaloupe car le terme coquillette est déjà pris ailleurs, il est marié d’enfance du jambon et du beurre. Coquille quand on écrit, c’est l’un des doigts patauds qui tout d’un coup dérape sur les touches du clavier, trahis l’inattention, le tunnel de pensée qui cache l’arbre tombé au beau milieu de la route. Alors il faut relire, vérifier, inspecter et encore contrôler jusqu’à ce que les coquilles se brisent et se concassent pour qu’enfin, d’un amas de mots creux, à force de ressac, de retours et de rouge, on en arrive à lire une immense plage de sable. Fin