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Glace

Pour ne pas oublier tout ce qu’on oublie toujours, toujours un peu trop vite

Cette eau frigorifiée, épaissie par le froid, affermie jusqu’au bloc est une affaire d’état. La glace pour son bleu, pour son froid, pour son blanc et puis son translucide, son brillant et son lisse. Si volontiers s’y perdre, s’y laisser endormir par le froid de l’hiver, se laisser attendrir par sa solidité, elle pourtant si fragile, qui se brise et se fond dans nos ébats d’états. Du liquide au solide, du solide au liquide le temps d’un chaud et froid, maladie de ces temps de changements dérangeants. On y perdrait le bleu où se perdent nos yeux, ce goût de grandes vacances en cornet ou godet et juste un peu plus loin, le doux réconfortant des ours du grand nord. Contradiction de nos vues, entre la bonhommie tendre du nounours des petits et le grand prédateur qui se nourrit de viande, de celle des bébés phoques aux yeux tout aussi doux. Lois loin de sentiments, manger ou bien périr, simplicités de ces vies qu’on entend barbouiller de nos affects d’humains quand eux y font survie, sacrifiés en jouets par nos incohérences. Se regarder soi-même dans la glace de nos vies, et se voir tels qu’on est pour mieux s’amouracher de la vie tout entière, pour mieux briser la glace et tomber dans les bras du dehors tout autour, qu’il mange ou soit mangé. Aimer la glace de loin et fondre sous son charme, tout en gardant sagement la distance qui s’impose, au nom des bonnes raisons, ne pas trop l’approcher, éviter l’évidence de câliner trop près, la prendre dans nos bras, aimer jusqu’à tuer. Alors, à contrecœur lui vouer pour toujours une tendresse à distance, un amour platonique, loin des yeux, près du cœur. Réconfort discordant de la savoir bien là, sans se permettre jamais de se rapprocher d’elle, se contenter, transis, d’une brûlure théorique, de l’idée de sa présence. La connaître seulement en images et en mots, il manquera le corps, mais la tête y sera, elle complètera, habile, les couleurs , les reflets, la transparente texture, elle donnera à la glace, sans crainte de déconvenue, de ce bleu des glaciers qui n’a rien à envier au plus mythique des bleus qu’est le bleu des lointains, le bleu d’un peu plus loin dans l’espace et le temps

20220710

"De temps en temps", ça commence par la météo, et ça continue avec ce qui vient en tirant sur le fil

Plein soleil. Grand ciel bleu du matin au soir.
Températures minimales comprises entre +12 et +15 degrés.
Températures maximales comprises entre +30 et +33 degrés.
Isotherme 0° vers 4400 mètres.
Vent faible à localement modéré de Nord.
Prévisions Météo Alpes

Grand ciel bleu. Sans nuages. Comme une grande mer bleue. Sans poissons. Grand bleu et grand bleu, Dorian et Oscar dans ce monde à l’envers ou l’important semble parfois si dérisoire. Il y a bien longtemps, ciel et mer étaient reflets parfaits, bleu sur bleu, blanc sur blanc, en image l’un de l’autre. Puis, de négligence en outrage, le portrait bleu s’est fané, assombri, et bruni, couvert de salissures et rongé de débris jusqu’à ses profondeurs. À mesure que tous ceux de la terre affadissait leur eau et ternissaient leur air, le reflet s’éloignait du portrait, toujours plus près de basculer.
Fragile brindille agitée par le vent.