"De temps en temps", ça commence par la météo, et ça continue avec ce qui vient en tirant sur le fil
Fréquentes averses de neige et de pluie, temps couvert, nombreux passages nuageux, températures tout juste positives. Rares éclaircies
Retour des nuages, du vent qui les chasse, qui les emmène, qui les ramène. Saison des giboulées. Nuages et rideaux de pluie qui cachent, qui dévoilent, qui suggèrent, qui en disent juste à peine, juste pour donner envie. Voiles transparents, tissus légers, appels. Les nuages se déposent, se rassemblent, assombrissent, avant de ménager une entrée des artistes aux rayons du soleil. Jeu de cache-cache, séduction, et mystère, invitation à aller voir derrière les barrières volages, là ou la lumière se pose pour guider nos regards, tentation pour explorateurs, curieux, aventuriers. Humaine envie d’aller jeter un œil…
"De temps en temps", ça commence par la météo, et ça continue avec ce qui vient en tirant sur le fil
De belles éclaircies, les températures remontent et font fondre la neige des derniers jours
Rappel à l’ordre de la nature que cette neige d’avril après une longue période de beau temps, quasiment de sécheresse. On pensait la porte de l’hiver refermée pour cette année, mais non. Le changement de saison ne s’est pas fait en doux dégradé mais plutôt en alternance, en hachures aux lignes épaisses qui se resserrent pour se confondre. Un peu de printemps dans l’hiver et une fois le pli trop pris, un peu de neige sur les primevères. Soirée qui finit au matin, journée qui commence dans la nuit, récit historique et anticipation mêlés. Un jeu du temps dans le temps. Piment
"De temps en temps", ça commence par la météo, et ça continue avec ce qui vient en tirant sur le fil
Beau temps, ensoleillé, températures élevées pour la saison
La lumière est passée par cette déchirure dans la vielle feuille de chêne, alors elle aussi, elle est passée par là. C’était sa chance à elle, petite plante intrépide, elle a saisi l’idée pour arriver au monde, pour profiter de tout : du discret souffle d’air qui fait danser les herbes fines, de la chaleur du soleil qui va lui faire rougir sa toute tendre oreille droite, du clinquant des fraisiers qui déplient un à un leurs éventails ciselés, de la course affairée d’une fourmi solitaire ayant jeûné tout l’hiver. Au fil des jours qui viennent, elle profitera aussi des tendres indiscrétions dans le chant des oiseaux qui reviennent au langage, du craquement des feuilles mortes chahutées par les pas du chevreuil, de la douceur du soir quand la lumière s’allonge et du frais du matin quand l’aube se frotte les yeux pour étirer doucement ses toutes premières lueurs. Elle va profiter du printemps
"De temps en temps", ça commence par la météo, et ça continue avec ce qui vient en tirant sur le fil
Beau temps, températures élevées pour la saison, quelques brefs passages nuageux
Hellébore fétide Elle est toxique. Elle sent mauvais. Ses fleurs sont vertes comme des feuilles et tournées vers le bas, toutes simples et refermées sur elles-mêmes. Ce n’est pas une star. Et pourtant. Elle est capable de fleurir en hiver, refuge et nourriture indispensable pour les premiers insectes du début du printemps. Elle repousse ses ennemis par l’odeur, ses fleurs regardent humblement vers le bas pour résister à la neige autant qu’à l’eau du ciel. Elle a tout compris de la survie. Héroïne incomprise
"De temps en temps", ça commence par la météo, et ça continue avec ce qui vient en tirant sur le fil
Ciel couvert, des éclaircies, mais aussi un risque de pluie, faible, en milieu de journée, températures positives
Du soleil, ou au moins du sec et du chaud, et ce, depuis un moment déjà. Elle, elle préfèrerait l’alternance, une peu d’eau pour soigner ses formes et ses reflets, se pomponner. Alors en attendant elle se referme, elle se replie sur elle-même, s’économise et attend. Au toucher elle devient rêche et hostile, elle a abandonné son côté édredon accueillant et moelleux. Elle se replie face au stress, il y a de l’humain dans cette plante. À moins que ce ne soit le contraire …
Il était une fois... Dans cette série "carnets", toute l'histoire de "Voyage en Irréel", livre écrit à quatre mains avec Nicolas-Orillard-Demaire. Depuis avant l'idée jusqu'à après l'objet !
Un livre sans lecteur pourrait ressembler à un rendez-vous manqué. Il attendrait, seul, silencieux et déçu, assis sur son cartable un soir de pluie à la sortie de l’école ou anéanti, le bouquet de fleurs en berne et l’estomac aussi vide que le cœur quand le serveur rentrerait les chaises de la terrasse. Nous ne voulions pas, Nicolas et moi, d’une de ces tristes fins pour notre projet. Après l’avoir préparé, apprêté, pomponné, il nous fallait tout faire pour que notre « Voyage en Irréel » puisse rencontrer ses lecteurs, servir de passerelles entre nos émotions et les leurs, échanger petits mots, avis, expériences, ressentis et pourquoi pas, faire naître de vrais liens, voire des amitiés.
Tant que notre projet n’était pas encore devenu un livre, en vrai et beau papier, avec un poids, une texture, une couleur et une odeur, tant qu’il n’était pas encore une partie de ce monde de réalités sensibles, il était encore fragile, il avait besoin qu’on lui tende la main, que le lecteur potentiel l’aide à faire ce premier pas de grand. Et puisque dans notre monde réel tout à un coût, il nous fallait pouvoir financer cette venue au monde. Depuis un moment déjà, l’idée était dans l’air et sur les écrans sociaux de ceux qui nous suivent régulièrement, Nicolas et moi. Si bien qu’une fois le dossier complété et mis en ligne sur la plateforme Ulule qui nous a permis de le laisser s’éloigner sereinement, les personnes intéressées par notre projet ont pu se rapprocher encore un peu de la réalité du livre, participer à sa construction par cette aide au financement.
Constituer le dossier Ulule n’a pas été si simple et c’est Nicolas qui s’en est chargé. Il s’agissait de trouver le bon dosage, donner envie de nous accompagner dans cette histoire sans tomber dans les travers de la publicité façon dentifrice, celle qui vous fera le sourire éclatant même si vous ne vous vous brossez pas les dents. Pas racoleur, mais quand même alléchant. Comme beaucoup ont pu s’en rendre compte, Nicolas y a mis toute sa délicatesse, avec l’aide de Régis pour les visuels, puisqu’il a fallu avoir des images de ce qui n’existait pas encore…
Étape suivante, faire connaitre et donner envie de participer à ce mode revisité de souscription : la prévente, mot nouveau que certains correcteurs d’orthographes soulignent encore.
Pour nous, c’est maintenant que commence une autre histoire, celle qui va nous émouvoir le plus : petits mots, réactions et chiffres qui grimpent, les participations, les dons même, le fait que des personnes qu’on ne connait pas forcément en vrai, s’engagent en vrai, avec du vrai argent, celui qui sert à acheter le pain. D’autant plus que la campagne va dépasser, et de très loin, ce que nous avions espéré : objectif de 120 préventes, et à la fin, piétinés nos doutes et nos hésitations avec un joli chiffre tout rond de 400 …
Au moment où notre « Voyage en Irréel » allait entrer dans le monde du réel, c’est l’enthousiasme et l’engagement des souscripteurs qui va nous impressionner le plus, nous motiver encore davantage pour améliorer le livre et nous donner réellement confiance pour la suite du projet. Nous étions prêts pour l’étape suivante, celle du grand paradoxe : rendre réel notre « Voyage en Irréel ».
"De temps en temps", ça commence par la météo, et ça continue avec ce qui vient en tirant sur le fil
Temps clair et ensoleillé.
Temps ensoleillé. Ensoleillé depuis longtemps depuis très longtemps. Trop longtemps ? Envie de changement, désir de ce qu’on n’a pas, tout le temps. Dans l’air trop de choses flottent, pollens, poussières comme particules qui ne devraient pas y être. L’air est chargé, dense jusqu’à troubler la vue vers les sommets d’en face. Pas de vent, pas de pluie, rien d’assez fort pour nous rendre le limpide. Atmosphère chargée, malaise. Brouillard léger, très léger, si léger qu’on ne le distingue pas quand on regarde de près. De loin cette brume légère qui trouble et soustrait à notre vue, assombri. Arrivée de la nuit ? Arrivée du brouillard ? Nuit et brouillard. Souviens-toi, Barbara
"De temps en temps", ça commence par la météo, et ça continue avec ce qui vient en tirant sur le fil
Beau temps, frais la nuit en l’absence de couverture nuageuse.
Couverture nuageuse pour le ciel, pour en chasser l’ennui du bleu, couverture végétale pour le sol, loin de la nudité obscène d’une terre retournée. Couverture aussi pour la page blanche, des mots, ceux des autres comme les nôtres, leurs vies, leurs connaissances comme leurs phrases, ou ce qu’on a puisé en nous pour asseoir nos réflexions, nos rêves et nos pensées, pour éviter le froid du vide, pour éviter que tout dans nos têtes ne soit emmené et détruit par la première pluie de chagrin, de trahison, de doute ou d’échec. Pour permettre que nos vies aillent nourrir d’autres vies que la nôtre
"De temps en temps", ça commence par la météo, et ça continue avec ce qui vient en tirant sur le fil
Belle journée ensoleillée. Températures fraîches la nuit et printanières au soleil.
Jour bleu. Ciel uni, juste la marque d’un avion. Ambiguïté douloureuse du bleu. L’avion de tourisme qui va vers la plage et les vacances. L’avion de guerre qui va vers le front et les bombes. Bleu glaçant qui va chercher au fond de nos os des souvenirs de combats, de pillages, de deuils et de détresse. Des souvenirs d’histoire qui feraient marche arrière jusqu’au temps des malheurs quand héros et tueurs dormaient dans les mêmes peaux
"De temps en temps", ça commence par la météo, et ça continue avec ce qui vient en tirant sur le fil
Averses de pluie, puis de neige. Très rares éclaircies. Fortes rafales de vent.
Hier les primevères s’y voyaient déjà. Elles avaient sorti leurs feuilles toutes tendres, les jolies corolles couleurs soleil, elles souriaient à la douceur des températures. Elles se voyaient déjà au printemps. Aujourd’hui, vent et neige. Contretemps. Elles ont voulu jouer contre le temps, peut-être aussi contre le temps. Pour un moment elles vont laisser la place au retour de la page blanche, puis renaître doucement, avec leurs phrases à elles ou avec celles des autres, mais elles finiront par avoir raison du froid et trouver les mots justes pour nous parler du printemps.