Journal hebdomadaire de la nature autour, promenade, branche dessus, branche dessous, avec le grand dehors
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Février. Juste les sommets blanchis pour bien nous rappeler que le mois de février est encore en hiver. Hiver, été, calendrier, inventions des humains, bien loin de la nature, de ses saisons à elle avec ses départs tôt, ses départs plus tard, et ses départs volés qui seront vite sanctionnés par une gelée tardive. Mais les fleurs tentent quand même de sortir un pétale, voire toute une corolle pour être la première à fleurir au parterre, comme cette petite fraise encore timide et frêle, cachée parmi les feuilles et les tiges rassurantes contre les coups de froid dans leur jolie fourrure. Alors les petites fraises pointent le bout de leur nez, le cœur dans les pétales d’un blanc éblouissant avant de faire les grandes, de se farder d’un rouge d’une écarlate beauté.
Le vert n’est pas en reste, les premières feuilles sont là, elles se dressent, se déplient, se défroissent et s’affirment, elles ouvrent grand leurs becs, avides de l’humide et puis de la lumière. Le vert c’est le signal aussi pour les chamois qui descendent, s’enhardissent, se risquent à découvert pour ces herbes si tendres.
Dure vie que celle des plantes qui ne peuvent se sauver devant leurs prédateurs. Mais c’est vite oublier que nul n’est à l’abri, et que tout ce qui vit finira tôt ou tard dans la gueule d’un microbe ou d’une bactérie. Tout le secret de la vie réside donc dans le tard du fameux tôt ou tard. Alors pour que ce tard soit le plus tard possible, toute stratégie est bonne, comme se charger d’amer en suivant le pissenlit ou vivre plutôt de nuit comme la chouette hulotte qui hulule à la lune quand la nuit est tranquille.
Le printemps est le temps pour penser à l’avenir, temps d’affiner son chant et de farder ses plumes, de faire les plus belles fleurs qui auront toutes les chances de faire les meilleurs fruits ou de se creuser une loge avec vue sur la mer ou au moins sur le large quand on vit en montagne et qu’on est un pic noir, un pic vert, pic épeiche ou n’importe quel pic impatient de piquer. Alors on ne saura pas quelle mouche nous a piqués, mais impatience aussi du côté des humains qui commencent les semis ou gratouillent au jardin. Pour ceux qui ont moins de vert tout autour de chez eux, temps de lever les yeux sur les arbres des avenues ou bien de les baisser sur les vertes intrépides qui repoussent les pavés pour se faire une place et verdiraient les villes si on les laissait faire, nous autres humains peu clairs qui se plaignent du gris en arrachant le vert
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