Journal hebdomadaire de la nature autour, promenade, branche dessus, branche dessous, avec le grand dehors
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Le temps qu’il fait, la météo, au-delà de mettre un pull, parapluie ou bonnet, c’est la vie et la mort pour beaucoup du dehors. Eau, neige, glace, vent, chaleur, ombre et lumière, c’est ça qui donne le la, la couleur et l’à venir quand on ouvre la porte le matin au réveil. Tandis que pour le dehors, le temps de la météo est aussi continu que le temps des horloges, le vent, le froid, l’humide ne font jamais de pause le soir au coin du feu. Pas de cabanes pour primevères, alors les enjeux changent, ils se font plus pressants, plus dramatiques aussi quand on a que sa peau, son écorce, sa coquille pour servir de refuge. Et le dilemme est grand, sortir dès qu’il fait beau, rallonger sa saison et ses chances de faire graine ou jouer la prudence pour éviter le gel et la perte des espoirs pour l’année à venir.
Quand on arrive là sans savoir le temps d’avant, pour connaître l’humide, juste regarder les mousses et celles de la famille, les petites si costaudes, des pionnières, des premières sur les troncs, les rochers, sur tout ce qui est gris. Les feuilles le long du corps pour ne pas laisser le sec ou le vent ou le gel emmener toute leur eau, elles deviennent rêches et sèches, mais reprennent leur joufflu dès que la pluie revient. Ou bien l’humidité d’un brouillard lourd et dense qui fait pull en grosse laine avec chaud col roulé.
Pour nous autres humains, quand le brouillard est là, le regard arrêté se pose un peu plus près, sur ce qu’on ne voyait plus ou qu’on ne voyait pas. Bourgeons qui tirent doucement sur la main de leur branche, qui veulent devenir grands, qui veulent se mettre au vert, avoir leurs feuilles à eux, et puis leurs fleurs à eux et puis leurs fruits à eux, qui veulent devenir arbres, comme le chêne centenaire qui les regarde de haut, eux qui se voient déjà là, squatter la canopée, qui nous donnent le sourire par leur bel enthousiasme, leur fraîcheur juste née, leur fierté enfantine, bourgeons de noisetier qui jouent les rois soleil dans un rayon de lumière
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Ah cette première image, si fraiche, si belle, si colorée qu’on se laisse emporter vers la suite et le texte comme toujours très beau. J’admire, encore et encore ta capacité à « tirer » le fil des mots. Bisous Juliette.
Merci pour l’image, c’est le rosier de la voisine, pas impossible qu’il se fasse de nouveau tirer le portrait quand il sera en fleurs 😉
Quant aux textes, encore merci, et toujours le doux souvenir de nos ateliers ensemble.
Bonne suite de voyage et bisous aussi
Tes mots remettent les « petits riens » qui nous entourent et font que les uns mis au bout des autres définissent une prairie ici, une sapinière là, une forêt là-bas, un tapis de mousse devant nous, des bourgeons au-dessus de nos têtes etc. Ils sont le fil rouge de ce qui vit, se transforme et meurt mais ne disparaît jamais tout à fait tout comme la citation attribuée à Lavoisier « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme » en un mot ils sont la vie.
Oui, c’est un peu l’idée de ces textes « de saison », suivre l’évolution de ce qui nous entoure, regarder ces « petits riens » avec attention, les voir pousser, grandir et sortir de terre quand d’habitude on se retrouve un jour avec les arbres couverts de feuilles sans avoir vu les bourgeons s’ouvrir