Gris

Pour ne pas oublier tout ce qu’on oublie toujours, toujours un peu trop vite

Juste gris, et rien n’est dit, il nous manque le précis, tant il existe de gris. Gris entre noir et blanc, gris entre bleu et pluie, le gris juste pour dire qu’on évite les extrêmes. Le gris du noir et blanc fera l’ombre ou le sombre, à nous ensuite de dire suivant le reste de l’image si c’est juste une couleur qui absorbe la lumière ou si c’est la lumière bloquée sur son trajet, qui n’arrive pas là jusqu’à la chambre noire, qui s’arrête bien avant. Le gris du noir et blanc, dans les images qu’on touche du début à la fin, c’est le nitrate d’argent et les jeux de la lumière, les bains aux odeurs fortes, la petite lumière rouge et les essais-erreurs qui vous font réfléchir et qui vous font grandir en connaissances des causes. On retrouve les anciens, eux qui savaient tout ça et savaient s’en servir, se servir de leurs mains autant que de leurs têtes. Ils sont éminences grises des tirages noir et blanc, du collodion humide, de leur grain de folie planté dans la science, qui les a fait penser du pansement au tirage. Parfois ça ne marche pas, c’est tout noir ou tout blanc ou il manque un morceau, ou alors c’est tout gris, mollasson sans contraste, on ne comprend pas pourquoi, on s’agace et on grince, on grommelle en dedans, on s’énerverait presque, alors on respire fort et on essaye ailleurs, mieux ou bien autrement, les dosages, les durées, cuisine à ne pas manger, adapter ses recettes, sans tomber dans le grigri, mais quand même se tenir à ce qui a marché même si on ne comprend pas, ni pourquoi ni comment. Et parfois l’image sort, elle est comme on voulait, comme on l’imaginait, c’est enfin une plaque qu’on ne grattera pas pour faire un autre essai, même on la vernira pour la garder longtemps. Alors on s’échappe loin, on pense pouvoir dire des millions de nuances, faire grise la souris verte, la nuit noire, le jour blanc, la chaleur d’un sourire ou le grave d’un regard avec ce qu’on trouvera entre le noir et le blanc, entre le blanc du papier et le noir des petites lettres qui donneront vie aux mots quand ils seront écrits

Tirage au collodion humide, réalisé en compagnie de Margaux Meurisse et grâce à Julien Dorol

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2 réflexions sur « Gris »

    1. Oui, écrit un peu vite et pas assez fouillé dans tous les gris, contrainte de format aussi (avec les 2200 caractères d’Instagram) mais je rajoute, si un jour je revois mes textes.
      Merci pour le rappel et pour ton passage

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