Texte écrit dans le cadre d'un très bel atelier d'écriture à l'île de Groix en mai 2022, sur une proposition de Nolwenn Euzen autour du livre de François de Cornière, Boulevard de l'Océan, éd. Le Castor Astral.
Le repas est terminé, repas léger, juste une petite salade mais pleine de choses qui croquent, qui craquent, qui fondent, qui surprennent, qui réveillent, préparent tout en douceur pour la bouchée suivante, celle qu’on aura choisie soigneusement, d’une fourchette accueillante et d’un couteau précis. Il y avait bien sûr, le soleil des olives qui laisse sur les papilles juste ce qu’il faut de sel pour fleurir la tomate, les graines de toutes couleurs que la langue repousse pour que les dents s‘en mêlent et puis les multiplie, jusqu’à l’indiscernable, quand tournesol et courge ne font plus qu’un seul goût. Enfin, pour ne rien laisser perdre, il y a eu le pain, venu d’un geste expert récupérer la sauce et ne rien abandonner de ces petites herbes aux doux noms de chansons, ciboulette, coriandre et pimprenelle qui jouent à la marelle au bord d’une croute dorée toute luisante d’huile émeraude picotée de vinaigre.
Les assiettes sur la table attendront patiemment que l’on revienne les voir, une fois dégusté, à toutes petites gorgées, le café infusé dans des senteurs de bois, des verdures de forêt et des écumes de nuit. Sans oublier bien sûr, le bout de chocolat qu’on aura laissé fondre, doucement, dans un coin de la bouche pour étirer les notes des envies de voyages.
La tasse vide à la main, on se laissera aller, à l’ombre du pommier qui ouvre ses premières feuilles. Et les yeux qui se ferment, les doigts qui lâchent la tasse, la laissent rouler dans l’herbe, petite sieste clandestine, moment volé au temps, acompte d’éternité.
Pour retrouver les ateliers de Nolwenn, les textes, les propositions et les prochaines opportunités, c’est ici : https://carnetdesateliers.wordpress.com/category/sejour-mai-2022-groix/
comme c’est délicieux !…
En pensant aussi à Ryoko Sekiguchi, Nagori…