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Archives mensuelles : mai 2022
20220523
"De temps en temps", ça commence par la météo, et ça continue avec ce qui vient en tirant sur le fil
Changement de temps. Jusqu’en mi-journée : des moments de soleil, souvent francs en vallées internes, entre les passages nuageux élevés. En après-midi et jusqu’en première partie de nuit suivante : conditions plus nuageuses avec déclenchement d’averses de plus en plus fréquentes, et par moments orageuses, qui circuleront d’Ouest en Est. Dès lors les éclaircies seront en retraits.
Limite pluie-neige vers 3300 puis 3100 mètres.
Températures minimales comprises entre +15 et +17 degrés.
Températures maximales comprises entre +27 et +31 degrés.
Isotherme 0° vers 3700 mètres.
Vent modéré de Sud-Ouest.
Prévisions Météo Alpes
Des orages. Du bruit et de la fureur. Du vent, des éclairs, du tonnerre, du sombre, de la pluie, de la grosse pluie, de la grêle. Des dégâts parfois. Et un rappel bienvenu pour nos hypertrophies, grosses têtes, chevilles enflées et grandes gueules : humain, tu n’es plus rien si la nature en a envie. Mais il suffit souvent de se mettre à l’abri et de regarder les gouttes tomber. Question de dosage, variation d’intensité. Imprécision voire grossièreté des mots sans les adjectifs, importance de la nuance, de la petite différence qui fait toute la différence. Averse orageuse, orage, gros orages, tornade… Choisir ses mots avec plus d’attention, penser, avant de parler ou d’écrire, à ces idées, pas toujours claires, aux contours un peu flous, mal détourées et mal cadrées, idées par nous déposées dans des termes mal choisis, attrapés au vol, qui ensuite s’envolent ou pire, provoquent l’orage dans ses plus grandes largeurs. Le battement d’aile d’un papillon est une imprécision
Grandes lignes
Pour partir, pour revenir, pour une journée, pour une semaine, pour quelques jours, pour un mois ou pour toujours, on commence à pied, en suivant les panneaux, lettres blanches sur fond bleu. Pas de pattes, pas de fioritures, juste des traits bien droits et des courbes bien lisses, bien lisibles, très lisible, la fonte SNCF, celle qui sonne comme les notes en escalier de la cloche des annonces avant la voix incolore qui indique les villes et les voies. On porte un petit sac ou on pousse une énorme valise, de celles qui jouent de leurs roulettes avec un bruit d’avion, pourvu que le revêtement au sol y mette du sien. Bruit de skateboard pour le sac à poignée télescopique qu’on traine derrière soi, pour ne pas avoir mal au dos, pour pouvoir le charger encore plus parce qu’on ne le portera pas. Pour préserver nos vertèbres on se démontera les épaules, et on risquera de faucher au passage, tous les non avertis qui nous serrent d’un peu près, qui pensent à autre chose, qui regardent le panneau vert des arrivées ou le bleu des départs sans penser à leurs pieds, à ce sol qu’ils piétinent, mais qui accueille aussi les roulettes irascibles, plus liées à leurs maîtres qu’un cabot amoureux. D’un regard anxieux, toujours un peu pressé par l’horloge qui nous stresse, on jette un œil sur le billet et l’autre sur le train, sur ces petits écrans ou ces feuilles imprimées, voire les panneaux rigides glissés devant les fenêtres qui numérotent les voitures. Normalement, le numéro du billet correspond à la voiture la plus éloignée. C’est presque toujours le cas, et quand ça ne l’est pas, on va quand même voir la voiture suivante pour vérifier qu’il n’y pas d’erreur, que le 6 est bien après le 5. Sinon, manquerait le frisson, la petite peur de rater de départ. Une fois dans le train, on recommence le jeu des yeux divergents, un pour le billet, l’autre pour les sièges, leurs numéros à eux aussi, ou plutôt leurs sous-numéros après celui des voitures. Couple en général harmonieux, mais parfois en froid voire déjà séparé que celui formé pour un voyage seulement, par la voiture et le siège. Pour les novices de ces appariements temporaires, une erreur de voiture est solution fréquente aux différents de rencontres plus ou moins agressifs, du possessif « c’est ma place ! » au plus prudent, « vous êtes sûr que … », voire au poli « excusez-moi… » ou au sceptique « c’est bizarre… ». Le ton monte, puis redescend aux premiers tours de roues, pour peu que s’en mêle un spectateur voisin qui fera office d’arbitre et même de médiateur en confirmant que oui, on est bien dans la voiture douze. Enfin on est assis, on a casé plus ou moins mal le gros sac, la valise ou l’étui du violoncelle en espérant toujours que personne ne viendra écraser nos petites affaires avec une improbable malle de géologue toute remplie de cailloux et de marteaux pointus. Ensuite reste l’attente jusqu’au départ du train et même un peu après, surtout quand la loterie des sièges nous aura placés côtés couloir. On se demande alors un peu comment sera celui ou celle, qui viendra nous cacher la vue en prenant la place côté fenêtre. Le vieux monsieur qui ronfle ? le musicien en manque qui montera trop le son de ses écouteurs ou l’enfant intranquille qui balancera ses pieds en chantonnant pour lui mais aussi pour les autres. Ou celui qui travaille, lui, et à qui ça suffit pour dicter à distance un courrier important, portable en haut-parleur, haro sur le contrat ou sur les fournisseurs, au mépris des oisifs qu’il estime que nous sommes.
Enfin, arrive d’on ne sait où la formule magique, celle qui met le train en mouvement.
Attention à la fermeture automatique des portes attention au départ.
On part. Ça commence tout doucement, avec juste parfois, au début, comme un saut de côté à cause des aiguillages. Puis le train accélère, on dépasse les voitures, ça y est, on est vraiment partis. Pour toute la suite du voyage, on sera au cinéma du paysage. Les grandes lignes relient toujours des grandes villes aux grandes villes, elles ne font que passer par la campagne, sans s’en mêler, comme un poisson rouge dont on aurait plongé le bocal dans la mer. Alors on regarde par la fenêtre le monde immobile qui défile alors qu’assis sans bouger on file à toute vitesse. Paradoxe relatif. Qu’importe, on regarde. En train aussi, avant de goûter au vert, il faut finir son gris. Assister au face-à-face jaloux des fenêtres, celles qui restent contre celles qui partent, se reflétant l’une dans l’autre suivant la lumière, la météo et le moment de la journée. Béton, goudron, quelques couleurs parfois quand l’art urbain explose, fait par tous et pour tous, musée des œuvres les plus modernes. Sortie de la ville, la voie ferrée s’emmêle aux autres voies, aux autres déplacements. Péniche sur le fleuve, barque amarrée à une branche basse en bordure de rivière, autoroute, route, petite route et chemin, elles portent bateaux, autos, motos, vélos, voire piétons, avec ou sans chien, tandis que le train file, traverse en une miette de seconde toute la vie d’un endroit, d’un coin de champ, d’un bout de forêt, d’une ferme, posée là depuis des années, des décennies, des générations. Infinie non-concordance des temps. Le reste du voyage est collier de surprises, emmêlement de courbes et de droites, de plaines, collines et falaises. Sous la garde des nuages qui modulent la lumière, une église toute fière sous son toit de mosaïque, une carrière bariolée aux monticules de toutes les teintes et de toutes les textures. De toutes les hauteurs aussi. Pour donner vie au défilement des champs, alternance de cultures, vaches de toutes les couleurs, toits selon la région, pavillons proprets et piscines en plastiques repeintes d’algues par l’hiver. Avec ça et là, un étonnement. Trois courts de tennis abandonnés recouverts par les mousses dont on devine à peine les lignes autrefois blanches. Une épave de voiture dont la brune peau de rouille est rongée par les ronces et verdie par le lierre. Les talus, toujours les talus qui protègent le train du monde, qui protègent le monde du train. De temps en temps, le train traverse une ville, alors il ralenti pour presque s’arrêter si la cité est grande. Plus la ville est peuplée, plus le train va lentement, hommage aux bâtisseurs, attention aux urbains. Les roues tournent, le temps tourne, bientôt la fin du film. Ville d’arrivée, ralentissement jusqu’à l’arrêt complet du train, celui qui donne enfin le droit d’ouvrir les portes. Repos de la bête, odeurs de métal chaud et d’huile mécanique, soupirs hydrauliques, on est arrivés. Les passagers descendent, ils quittent le petit monde du wagon, monde clos et éphémère, isolé par la vitesse, bulle de voyage au milieu de l’ordinaire.
On est arrivé, on est revenu, pour la journée, pour la semaine, pour un mois ou pour toujours.
Texte publié dans la revue littéraire « Les villes en voix », à lire parmi d’autres sur le site de la revue : https://www.lesvillesenvoix.com/post-unique/territoires-en-tous-sens
20220516
"De temps en temps", ça commence par la météo, et ça continue avec ce qui vient en tirant sur le fil
En matinée le ciel est partagé entre moments de soleil, plus francs sur le Sud de la région, et nuages élevés pouvant se délester de rares gouttes. L’ensoleillement est plus généreux l’après-midi mais quelques cumulus coiffent encore les massifs. Ils peuvent donner, en fin de journée, des averses très isolées surtout sur l’Est de la région.
Limite pluie-neige vers 3000 mètres.
Températures maximales atteignant +26 à +29 degrés en plaines et +15 à +18 degrés vers 1500 mètres.
Prévisions Météo-Alpes
Soleil, chaleur, tant de chaleur en cette saison, une perspective qui fait froid dans le dos. Froid dans le dos pour un réchauffement ? Expression mal choisie ? Complexité de la langue ? Éloge du contraste qui fait ressortir, souligne, met en valeur. Le contraste, ce qui permet au noir et blanc de nous parler des couleurs, de ce vert tendre du printemps qui a filé comme l’éclair, nous plongeant si vite dans le poisseux de l’été. La sueur et la poussière. Bientôt, devoir vivre dans la fraîcheur de la nuit ? Juste la moitié du mois autour de la pleine lune, celle qui, cette nuit s’est levée si claire au-dessus des montagnes en attendant l’éclipse. Plutôt choisir les bois, l’ombre frais des grands arbres, sages géants indulgents qui, eux, prennent soin de la terre et nous montrent la voie
20220426
"De temps en temps", ça commence par la météo, et ça continue avec ce qui vient en tirant sur le fil
Bancs nuageux assez nombreux sur l’Ouest de la région tandis que le soleil domine en matinée en massifs et vallées internes surtout de l’Oisans au Sud-Est de la Savoie. Les nuages se généralisent et prennent du volume l’après-midi donnant quelques averses essentiellement côté Haute-Savoie. Ces nuages se partagent le ciel avec des éclaircies, qui s’élargiront sensiblement en soirée. Limite pluie-neige vers 1700/1800 mètres puis 2000 mètres (quantités de neige anecdotiques plus haut).
Températures maximales atteignant +17 à +21 degrés en plaines et +9 à +14 degrés vers 1500 mètres. (Meteo-Alpes)
Des bancs de nuages. Ils se déplacent en bandes déplaçant l’attention, cachant, laissant deviner, mettant en lumière, détachant ou révélant un coin de paysage. Le vert tendre des feuillus, le foncé des sapins, le blanc de la neige, le sombre des rochers. Quelques chalets. Tous apparaissent et disparaissent devenant un moment unique sujet visible, indispensable et urgent. Une idée qui vient, une chanson, une remarque, un mot ou une phrase qui font remonter le projet un instant négligé, qu’on redécouvre avec délice, sourire au coin du bec. Puis c’est le tour d’un autre et encore un autre, au gré des bancs d’idées poussées par le vent et le temps. Il faudrait en prendre un, de ces projets en cours, l’enfermer bien serré pour mieux s’en occuper en empêchant les autres de venir s’immiscer. Il faudrait, il faudrait… espoir et désespoir des nuées de projets
20220424
"De temps en temps", ça commence par la météo, et ça continue avec ce qui vient en tirant sur le fil
Automnal. Temps maussade et frais. Faibles averses tout au long de la journée, fréquentes dans les massifs avec la neige vers 1700 puis 1900 mètres (autour de 10-15 cm supplémentaires au-dessus de 2000 mètres environ).
Températures minimales comprises entre +5 et +8 degrés. (MétéoAlpes)
Retour de l’automne en avril. Parenthèse dans l’arrivée des couleurs du printemps, un temps à faire un tour au-dedans et non pas au-dehors, un temps à la mélancolie, à la tristesse peut-être, voire au chagrin. La météo nous pousse, elle nous fait pencher d’un côté ou de l’autre de nos humeurs. Comme on imagine mal un film tragique sur une plage ensoleillée en été ou une explosion de joie dans la faible lumière blafarde d’un jour gris d’automne. Même quand on se persuade, qu’on fait tout pour se sentir plus haut, plus grand et plus fort que la nature, elle reste là, patiente, tenace et opiniâtre à nous rappeler que nous ne sommes finalement qu’une toute petite partie d’elle même. Nous rappeler qu’elle nous tient, pieds et pensées ficelées, qu’on le veuille ou non. Qu’on le sache ou non